Notre aventure sur les traces de l’écrivain écossais Robert-Louis Stevenson a débuté le lundi 1er mai au départ d’Orange où une quinzaine de marcheurs des Randonneurs de l’Harmas s’étaient donné rendez-vous à 14h00 pour partir (en voiture bien sûr !) vers le Monastier-sur-Gazeille, d’où le dit écrivain était lui-même parti marcher pendant douze jours à l’automne 1878 (voyage qu’il a magnifiquement relaté dans le livre intitulé « Voyage avec un âne dans les Cévennes »).
Cet itinéraire qui part du Massif Central et aboutit dans les Cévennes est devenu bien plus tard le GR70, et a été baptisé « Chemin de Stevenson » en hommage à celui qui l’avait si bien dépeint dans son ouvrage.
Pas question pour nous d’effectuer la totalité de ce parcours durant notre séjour de 5 jours car le GR70 (qui part du Puy-en-Velay et va jusqu’à Alès) fait 272 kilomètres et il faut compter environ 14 jours pour le faire entièrement. Cette année nous allions plus modestement (c’est le cas de le dire puisque l’ânesse de Stevenson s’appellait justement Modestine !) ne faire qu’un peu plus de 100 kilomètres entre Le Monastier-sur Gazeille et Chasseradès, aux portes des Cévennes.
Nous sommes arrivés dans ce charmant petit village médiéval le lundi en fin d’après-midi et avons eu l’impression qu’il y avait eu un bombardement, tant le bourg était sans dessus dessous en raison des impressionnants travaux de réhabilitation en cours. Cela sera sûrement très beau…quand les travaux seront terminés ! Après avoir déposé nos bagages au gîte où nous allions passer cette première nuit (« L’Ile au Trésor », encore une référence à l’écrivain écossais) nous sommes allés garer nos voitures sur un parking non loin du centre, où elles allaient être récupérées dans la semaine afin d’être amenées jusqu’à Chasseradès grâce à un service bien pratique de l’entreprise « La Malle Postale » (qui allait également assurer le transport de nos bagages entre chaque gîte).
Avant le repas du soir nous sommes allés boire un premier « verre de l’amitié » (qui sera suivi de bien d’autres dans la semaine…) dans le seul bar ouvert du village en ce jour de Fête du Travail. Le gîte « l’Ile au Trésor » était confortable, mais le diner assez décevant et notre hôtesse (qui avait été banquière avant d’être hébergeuse) était visiblement plus calée dans les chiffres que dans la cuisine…
Le mardi 2 mai, c’est sous un ciel couvert et des températures bien basses que nous avons commencé notre périple. Dès le départ, la nature sauvage des Monts du Velay et ses paysages, mélange coloré entre petits reliefs volcaniques et hauts plateaux agricoles, nous a enchantés. Entre les champs de lentilles et les grands pins aux formes torturées, de petits murs de pierres semblent vouloir organiser le paysage en soulignant chaque pâture… Au milieu de cette verte campagne, la lave donne aux hameaux ses couleurs rouges et noires tandis que la Loire serpente tranquillement ajoutant sa touche de bleu… Après une longue descente assez délicate vers le fond de la vallée nous avons traversé le village de Goudet, surplombé de l’imposant château médiéval de Beaufort, puis avons franchi la Loire avant de remonter sur l’autre versant de la vallée. Le soleil étant revenu, nous nous sommes arrêtés dans le hameau de Montgnac pour notre repas de midi, que nous avons pris à l’abri d’un muret car le vent était encore bien frais. Pas le temps de faire la sieste, il était déjà temps de repartir vers notre destination de la journée. Nous avons encore traversé plusieurs petits bourgs (Ussel puis Bargette) et sommes arrivés au Bouchet-Saint-Nicolas vers 16h00.
Avant de rejoindre notre gîte de la soirée nous sommes allés nous désaltérer au bar-restaurant du village, puis avons rejoint le gîte « La retirade » vers 17h00. Après un accueil très sympathique de nos deux hôtesses, nous avons récupéré nos bagages qui avaient (bien heureusement !) été véhiculés jusque-là, et avons pris possession des 3 chambres qui avaient été réservées pour notre groupe (2 dortoirs de 7 et 6 lits et une chambre pour 2).
La soirée s’est déroulée à l’image de l’accueil qui nous avait été fait à l’arrivée, chaleureuse et conviviale, et contrairement à la veille le repas de ce mardi soir était succulent ! Avant d’aller nous coucher certains d’entre nous ont fait une partie endiablée de belote pendant que d’autres se mesuraient au Trivial Pursuit, ou encore consultaient les nombreux ouvrages consacrés à Stevenson mis à disposition des randonneurs de passage dans le gîte. « Extinction des feux » vers 22h30 pour ce premier jour de randonnée…
Philippe
Mercredi 3 mai 2023 : Le Bouchet St Nicolas – Landos – Pradelles (22,1 km pour 350 m de dénivelé).
Après un petit déjeuner très agréable au gite « La Retirade », nos hôtesses nous laissent partir dans la bonne humeur. Nous les quittons avec regret car elles étaient très sympa et le repas du soir excellent. Nous retraversons le village en passant devant la statue de Stevenson que nous n’oublions pas de photographier.
Ce matin l’air est vif et nous surprend un peu. Nous traversons des prés, les champs sont très fleuris, la nature verdoyante nous enchante, les chemins de terre sont parfois rouge, parfois noirs, quel contraste !! Notre parcours est jalonné de belles rencontres (randonneurs, chevaux, poulains, ânes, vaches, écureuil, etc…), les prés sont remplis de jonquilles, de fleurs de pissenlits, de buissons blancs, de genêts, de pensées, de violettes, mais que c’est beau !!!
Notre pause déjeuner se fait dans un pré au milieu des fleurs, c’est très bucolique mais le soleil chauffe et avec l’altitude (environ 1100m) les premiers coups de soleil arrivent pour certains. La randonnée n’est pas d’un niveau difficile aujourd’hui et nous permet d’avancer sans difficulté.
Nous arrivons enfin dans le village de Pradelles où nous nous désaltérons avant de rejoindre notre gîte resté secret jusqu’à la dernière minute. Nous nous arrêtons devant « l’auberge de la Mère Cadenette », façade banale, mais une fois la porte poussée, quel changement, intérieur très atypique, beaucoup de bois, lits à baldaquins, étage avec des meubles de salon très hétéroclites mais l’ensemble est très chaleureux. Le propriétaire nous présente l’histoire de cette maison avant de commencer le repas (salade composée, tartiflette, mousse au chocolat). Une dernière petite balade dans le village médiéval pour certains, jeux, lecture pour d’autres et ensuite extinction des feux dans les lits à baldaquins pour plusieurs d’entre nous.
Jeudi 4 mai 2023 : Pradelles – Langogne – Cheylard-l’Evêque (23,7 km pour 467 m de dénivelé)
Après un petit déjeuner composé de produits maison nous quittons ce lieu atypique qui nous a ravis, dernières photos devant le gîte, visite du village médiéval et hop c’est reparti mais ce matin il fait froid et le vent est glacé. Les chemins vallonnés sont toujours aussi beaux, aussi fleuris. Nous arrivons à Langogne qui est un village très animé avec ses halles anciennes et tous ses magasins. Mais nous préférons continuer notre route sur les chemins plus calmes où nous croisons d’autres randonneurs depuis le départ et avec qui nous échangeons à chaque fois. Nous traversons des forêts aux arbres élancés et aux couleurs très vives. L’heure de déjeuner approche et nous faisons notre pause à l’ombre dans la forêt. C’est toujours un moment très apprécié par tous. Après cette pause bien méritée nous repartons sur les chemins fleuris qui jalonnent ce parcours, le printemps, le soleil, la végétation, tout est un ravissement. Au bout de nos 24 km, nous atteignons le gîte « le Refuge du Mourre » au village de Cheylard-l’Evêque qui est tout petit mais charmant. Une belle terrasse nous attend pour prendre un bon rafraichissement avant de prendre possession de nos chambres. Le couple qui nous accueille est très sympathique, très à l’écoute des randonneurs, le service est impeccable. Bel établissement.
Un très beau reportage photos accompagne le récit de notre semaine.
Merci à Annette et Philippe pour cette organisation impeccable et merci à la météo qui était avec nous cette semaine.
Anne-Marie
Vendredi 5 mai. Cela fait maintenant trois jours que nous suivons le chemin de M. Stevenson, je prends à mon tour la plume pour vous narrer la fin de notre périple. J’aurai dû prendre des notes, je me suis laissé vivre dans cette ambiance bucolique et chaleureuse.
Après le Velay la suite nous amène dans le Gévaudan le pays de la méchante bête. Le refuge de Moure situé à Cheylard-l’Evêque nous a hébergé confortablement, le dîner et le petit déjeuner étaient très corrects. Il est 8 h, la traditionnelle photo du départ gentiment prise par l’aubergiste nous donne le top pour rejoindre notre prochaine étape.
Sur le chemin au gré des pauses, nous dépassons des groupes de marcheurs qui nous re dépassent un peu plus loin. Des liens se sont créés avec des bretons et d’autres personnes de tous horizons.
Le tracé est vallonné, nous sommes entourés de prés verdoyants d’herbe grasse tachetés du jaune des fleurs de pissenlits. Les genêts, les forêts de hêtres et autres essences jalonnent les chemins. Une montée moyenne et longue met les mollets à l’épreuve l’exercice demande de prendre son rythme et de bien souffler. Petite pause une fois tout en haut. La descente abrupte dans les cailloux demande des efforts et de la vigilance.
Nous débouchons au bord d’un plan d’eau, l’étang de l’Auradou. Tout le monde se fait prendre en photo sur le ponton de bois. Plus loin nous admirons les ruines du château féodal de Luc en cours de restauration par des bénévoles. Nous entrons dans cette forteresse au long passé historique, l’escalier en spirale nous amène sur le chemin de ronde (attention à la tête Philippe), la vue est superbe.
L’arrivée est en vue, l’hôtel des Genêts nous reçoit ce soir sur la commune de La Bastide-Puylaurent. La priorité est à la bière et personne ne conteste cette priorité. La douche est aussi bienvenue. Alors que l’on se détend, j’apprends qu’il y a une mise en scène costumée pour fêter l’anniversaire de Philippe. Et là! Les mots me manquent, je vous invite à regarder les photos. Du matin au soir, la journée a été intense. Ce tronçon fait 24 km pour un dénivelé de 640 m
Samedi 6 mai. Ce matin nos bagages restent à l’hôtel, nous ne marcherons que jusqu’à midi vers Chasseradès. Ce sera la dernière escale, nous retournerons ensuite avec les voitures récupérer nos affaires. Le départ à 8h30 se fait comme d’habitude avec la petite photo à ceci près que les filles ont décidé de partir avec leur déguisement. Il faut bien rire un peu.
Claudine ne sera pas des nôtres pour cette dernière promenade, un orteil lui fait des misères et la souffrance est trop forte. Dominique restera à ses côtés. Les marcheurs bretons qui bénéficient d’une assistance avec un fourgon les prendront en charge jusqu’à Chasseradès.
Il faut savoir que nous avons un fil rouge depuis le début, il s’agit de Félix l’âne bâté qui accompagne son maître depuis le Puy-en-Velay jusqu’à Saint-Jean-du-Gard, ils sont sympas tous les deux.
Les grandes prairies vertes sont presque dominées par le jaune des genêts. Les 12 km et les 371m de dénivelé sont avalés à midi. Nos voitures prises en charge par les convoyeurs sont bien garées sur le parking du restaurant les « Sources ». Le temps de changer de vêtements nous sommes installés à table prêts à en découdre avec l’assiette de charcuterie. Le repas terminé, vient l’heure de l’addition.
Le patron n’est pas là pour s’embêter, il est hors de question pour lui de faire le calcul de ce que doit chacun d’entre nous. Nous divisons le total par 15 pour ne pas fatiguer le monsieur peu aimable.
Cette fois c’est en voiture que nous regagnons La Bastide-Puylaurent. Le chargement effectué nous décidons de partir vers La Blachère pour quelques achats de charcuterie maison. Chacun part de son côté, pour nous la route est belle mais sinueuse. Le GPS nous propose un trajet douteux mais nous sommes des aventuriers, allons-y!
des routes étroites, presque des chemins où il est risqué de croiser d’autres usagers et pourtant nous croisons des voitures avec d’infinies précautions. Notre adresse Lablachère n’est pas la bonne, nous allons donc à Vals-les- Bains pour quelques emplettes. Direction Orange, notre belle aventure se termine ce soir, il est 17h environ.
Vivement l’année Prochaine!
Alain