Le dimanche 12 mai 2024 les 14 participants inscrits à ce séjour de randonnée sur le Chemin de Stevenson s’étaient donné rendez-vous en début d’après-midi à la sortie d’Orange pour partir avec 3 voitures vers Chasseradès, petit village lozérien où le groupe de l’an passé s’était arrêté en mai 2023 après 5 jours de marche sur le GR70 au départ du Monastier-sur-Gazeille. La seconde partie de ce périple allait nous mener jusqu’à Saint-Jean-du-Gard durant 6 jours de marche à travers les Cévennes, comme le fît Robert-Louis Stevenson en 1878 en compagnie de son ânesse Modestine, récit rendu célèbre par son roman paru l’année suivante « Voyage avec un âne dans les Cévennes ». Nous sommes arrivés vers 18h00 au gîte d’étape « Les Airelles », un hébergement situé en pleine nature un kilomètre environ avant Chasseradès, et avons passé une première soirée ensemble bien agréable dans ce gîte campagnard, propre et confortable.
Le lundi 13 mai c’est sous un ciel ensoleillé et des températures de saison que nous avons repris notre périple sur le GR70, laissant nos voitures au gîte (d’où elles allaient être convoyées durant la semaine jusqu’à Saint-Jean-du-Gard). Après avoir traversé Chasseradès, petite commune rurale d’environ 200 habitants, nous avons longé la voie de chemin de fer (la ligne du Translozérien, l’une des plus pittoresques de France) qui relie La Bastide-Saint-Laurent-les-Bains à Monastier, admirant au passage le viaduc de Mirandol, impressionnant ouvrage de pierres franchissant la vallée du Chassezac (qui prend sa source à quelques kilomètres de là). Passé le hameau de l’Estampe le chemin s’élève progressivement à travers la forêt domaniale de la montagne du Goulet jusqu’à un col situé à 1413 m d’altitude, point culminant de cette journée, qui marque le partage des eaux entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. Ensuite la piste redescend vers les sources du Lot et c’est au bord de cette belle rivière (qui n’est encore là qu’un modeste ruisseau) que nous nous sommes arrêtés le midi pour un déjeuner dans l’herbe très bucolique, entre vaches et genêts odorants. Après le repas nous avons traversé le joli hameau des Alpiers et il était à peine 15h00 lorsque nous sommes arrivés au Bleymard, petit village très pittoresque d’un millier d’habitants situé au pied du Mont Lozère. Bilan de cette première journée de randonnée : 19 kilomètres parcourus et un peu plus de 550 mètres de dénivelé positif. Nous avons passé la nuit à l’hôtel-restaurant La Remise, établissement très confortable, accueil sympathique et repas roboratif : que demander de mieux après une si belle journée de marche !
Le mardi 14 mai la météo n’était vraiment pas de la partie et c’est sous une petite pluie fine que nous avons entamé cette deuxième journée de randonnée. En arrivant à la station de ski du Mont Lozère la pluie s’était intensifiée, et le vent et la brume s’y étaient joints ! C’est en partie grâce aux Montjoies, ces blocs de granit dressés à la verticale, que nous avons pu suivre notre chemin par ce temps exécrable, mais bien sûr nous avons été privés du fameux panorama que nous devions admirer au somment du Mont Finiels, à 1699 mètres d’altitude, point culminant de ce parcours à travers le Cévennes. Vers 13h00 nous avons pu nous mettre à l’abri dans une cabane forestière et pique-niquer au coin d’un bon feu que d’autres randonneurs déjà présents avaient allumé. Nous étions un peu nombreux dans cette petite cabane de pierre mais ce fût un bon moment de répit avant de reprendre le chemin sous une pluie toujours persistante. A travers les lambeaux de brume nous avons quand même pu admirer la beauté sauvage des paysages traversés et il était environ 17h00 lorsque nous sommes arrivés au Pont-de-Montvert. Bilan de cette deuxième journée de randonnée : près de 20 kilomètres parcourus et 600 mètres de dénivelé positif. Nous avons rejoint directement le gîte communal du village et nous sommes un peu séchés dans la salle des fêtes avant de nous installer dans les 2 dortoirs réservés pour notre groupe. Le repas du soir, préparé par un restaurant du village, nous a été livré vers 19h00 et nous l’avons pris en commun avec un autre groupe de 8 randonneurs hébergés également dans ce grand gîte assez spartiate.Le mercredi 15 mai le ciel s’était éclairci, et malgré quelques brumes matinales nous avons pu enfin apprécier les magnifiques paysages des forêts et des landes cévenoles. Vers midi nous avons atteint le point culminant de cette journée au Signal de Bougès, à 1421 mètres d’altitude, qui offre un sublime panorama sur les proches sommets du Gard, avec le Mont Aigoual à l’horizon. Nous avons poursuivi notre marche sur la crête de la montagne du Bougès, puis sommes redescendu à travers un joli bois jusqu’au col du Sapet, où nous nous sommes arrêtés pour pique-niquer dans une prairie herbeuse. Après le repas nous avons progressé sur une piste forestière en pente douce vers Florac, où nous sommes arrivés vers 17h30. Bilan de cette troisième journée de randonnée (la plus longue de la semaine) : plus de 25 kilomètres parcourus et 770 mètres de dénivelé positif. Nous avons rejoint directement le camping « Le val des Cévennes », idéalement situé au bord du Tarn, à environ 1,5 kilomètre de la « capitale » du Parc National des Cévennes. Après une soirée chaleureuse et animée musicalement nous avons rejoint les 3 mobile-homes où nous allions passer la nuit.
Le jeudi 16 mai le beau temps était encore au rendez-vous, et après un copieux petit-déjeuner au camping nous avons repris le chemin en traversant la charmante petite ville de Florac, puis en longeant la rive droite du Tarn pendant quelques kilomètres. Ensuite ce fût une belle montée à travers la forêt jusqu’au sublime petit hameau de La Rouvière, magnifiquement restauré par ses habitants depuis quelques décennies. Nous avons continué à progresser sur ce chemin en flanc de montagne jusqu’à atteindre le plateau, où nous avons retrouvé les paysages de landes cévenoles et de pâturages. Petit arrêt dans une prairie pour notre pique-nique quotidien, que nous avons du abréger en raison d’une averse de grêle impromptue qui fort heureusement n’a pas perduré ! Ensuite nous avons continué à progresser sur une piste, puis sur une petite route de campagne à une altitude moyenne d’environ 1000 mètres, et il était environ 16h30 lorsque nous sommes arrivés à Barre-des-Cévennes, authentique village cévenole perché sur ce plateau schisteux et terme de cette étape. Bilan de cette quatrième journée de randonnée : environ 16 kilomètres et 600 mètres de dénivelé positif. Nous sommes allés nous installer dans le gîte familial où nous allions passer la nuit, 2 grandes maisons rustiques mais confortables, mais surtout un mémorable repas de produits locaux, dont on ne pouvait que regretter qu’il ne faille pas trop manger pour continuer à marcher le lendemain !
Le vendredi 17 mai c’est encore avec le beau temps que nous avons quitté Barre-des-Cévennes pour redescendre progressivement vers le département du Gard. Nous avions quitté le GR70 la veille au profit d’une variante sur le GR43, qui offrait un parcours plus varié, mais nous l’avons retrouvé en cours de matinée au niveau du Plan de Fontmort, où un obélisque a été mis en place par en 1887 pour commémorer le centième anniversaire de l’« Edit de tolérance ». Nous sommes ici en pays Camisard, ces protestants français qui s’étaient soulevés contre l’oppression et la violence des mercenaires de Louis XIV, les « dragons ». Ces derniers, cruels et sans pitié, ont brisé les foyers de milliers de familles protestantes simplement parce qu’ils n’adhéraient pas à la religion catholique du roi…Le sentier qui suit les crêtes offre des vues spectaculaires sur les vallées des Gardon. Il traverse bois, châtaigneraies et landes, qui furent autrefois des pâturages et des vergers. Vers 13h00 nous avons fait la pause-déjeuner sur les bancs du superbe village de vacances du Serre de la Can, et après le repas nous sommes descendus par un joli sentier ombragé recouvert de larges dalles de schiste vers le village de Saint-Germain-de-Calberte. Nous avons continué à descendre dans la vallée en longeant le Gardon de Saint-Germain et sommes arrivés au gite du Pont de Burgen (prononcer « burjain »), terme de notre étape du jour, vers 16h30. Bilan de cette cinquième journée de randonnée : 25 kilomètres parcourus et près de 330 mètres de dénivelé positif. Implanté dans une très ancienne maison cévenole ce gîte de caractère, bien que très rustique, a beaucoup de charme. A l’occasion de cette dernière soirée, c’est déguisés en « gitans/gitanes » que nous avons partagé un repas composé de délicieux produits locaux sur la terrasse du gîte surplombant le Gardon !
Le samedi 18 mai les prévisions météo ne s’étaient hélas pas trompé et c’est sous une pluie battante que nous avons quitté le Pont de Burgen. Après avoir traversé Saint-Etienne-Vallée Française la pluie a redoublé d’intensité, se mêlant à l’orage dans la montée vers le col de Saint-Pierre. Malgré nos équipements de pluie c’est passablement trempés que nous sommes arrivés au sommet du col, où la pluie a enfin cessé et le soleil tenté de timides apparitions. La redescente vers Saint-Jean-du-Gard s’est faite sur des sentiers transformés en torrents, où le risque de chute sur les pierres détrempées était permanent. Fort heureusement personne ne s’est fait mal et nous sommes enfin arrivés vers midi à l’entrée de Saint-Jean-du Gard. Bilan de cette sixième et dernière journée de randonnée : près de 16 kilomètres parcourus et 440 mètres de dénivelé positif. Durant ces 6 jours de marches nous aurons donc parcouru environ 120 kilomètres et grimpé près de 3300 mètres ! Devant l’hôtel-restaurant « La Corniche des Cévennes », où nous devions manger le midi, nous avons retrouvé comme prévu nos véhicules et nos bagages, ce qui fait que nous avons pu nous changer et nous « mettre au sec » avant d’aller partager ce repas de fin de séjour en bonne compagnie.
Un grand merci à Annette pour avoir organisé ce second séjour sur le Chemin de Stevenson, où la beauté des paysages traversés n’a eu d’égal que la bonne humeur des participants et la convivialité des hôtes qui nous ont accueillis !
Philippe Denize